Je suis à l'épicerie avec mon fils. Un lieu qui spécialement conçu pour nous faire acheter de manière impulsive et pour faire perdre la raison à nos enfants.
— J’en veux, j’en veux, j’en veux, s’exclame mon fils devant des petits jus à l’effigie de L'Université des monstres.
— Tu n’aimes pas ça le jus Elliott.
— Ah, ok.... Oh, ça, ça, ça. Katchow!
— C’est juste de la mousse de bain des Bagnoles. Tu en as déjà de Dora et de Spiderman à la maison qui te donnent des boutons, c’est bien assez.
— Aaaaaaaah oui.
Je suis chanceux, je l’avoue. Pas de crise de bacons frits dans la poêle ni de pleurs incessants, mais le niveau de difficulté se décuple à l’approche de la rangée garnie de cochonneries (croustilles, jujubes et biscuits). Je détourne son attention vers la machine à café un peu plus loin pendant que je presse le pas pour éviter la rangée maudite.
Et c’est réussi. Un détour parfait. J’entends une foule applaudir à tout rompre dans ma tête. L’esprit olympique est encore trop frais.
Malgré les avertissements de Pascal, je reste surpris comment une simple visite au supermarché peut devenir un sport extrême. Pour l’instant, le petit frère de 8 mois se contente de faire du charme à tous les autres clients. Ça me détend un peu.
— Sens papa. Mmmmm. Allez, sens.
Elliott me tend un gigantesque sac de guimauves sous le nez. C’est sa technique de vente préfère : l’odorama.
— Mmmmmmmh, oui, ça sent sucré. Allez, va le ranger. On a encore un sac de 2011 qui croupit dans le fond de l’armoire.
— Oh oui, un robot, je le veux, je le veux, s’exclame-t-il en sautillant un peu plus loin.
— Comment ça un robot? Ah, merde, ça n’arrête jamais. Non Elliott, on le laisse là.
— Pourquoi? Me dit-il de son ton parfait de petit chien battu, digne finissant du Actor’s studio de la garderie.
— Parce que si on l’achète, il va casser. Quand on va l’ouvrir de sa boîte, aussitôt — CRAC — il va se briser. Tu n’en veux pas d’un jouet brisé?
— Brisé?! Ah noooon.
Super, nous sommes dans la dernière rangée, j’aurai survécu. Je tourne le coin pour me diriger vers les caisses.
Enfer et damnation, je suis cuit, le gérant a planté vicieusement les friandises en vrac tout au bout. Il est trop tard pour une diversion, je dois foncer tête baissée.
— Regarde papa, des bonbons, dit bonnement Elliott
J’attends la demande, le cri, le pleurnichage.
Rien. Décidément, Dieu existe.
Mon petit périple s’achève alors que je dépose les items à la caisse. Mon 2ème petit garçon est si calme que je dois me concentrer pour ne pas le faire scanner machinalement sur le tapis de caisse.
— Jaune, vert, mauve. Tout plein, beaucoup, beaucoup. J’en veux.
— Non Elliott. Tu n’aimes même pas ça des Skittles!
— Oui. Oui. Oui.
— Ben non, tu les recraches à tout coup. Allez, range-le.
— Non-eee.
Merde, j’ai crié victoire trop rapidement. Je sens que ma prochaine phrase balancera Elliott dans une crise incontournable. L’« e » final a été prononcé.
— Veux-tu un collant? lui demande la caissière.
— Non.
Il se met à bouder, puis trop gêné, il se colle à mes jambes. Sauvé in extremis par l’employé, je me contente bien d'une petite bouderie facile.
Par chance, car j'allais craquer en achetant un petit œuf en chocolat trop sucré, cachant un jouet trop cheap. Mais ainsi, je peux revenir la tête haute en ayant relevé le défi de ma blonde: ne rien acheter pour les enfants en magasinant avec eux.
Mais avant, hop, un petit tour au Canadian Tire, mon magasin de jouet. Je mérite bien une petite gâterie... non?
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