jeudi 28 octobre 2010

Les neufs vies d'Elliott

   Je suis un homme plutôt typique par moment: fier, baveux, orgueilleux, ni trop macho, ni trop rosé. Je suis alors tout à fait l'image du père qui regarde son fils se casser la gueule pour qu'il apprenne à faire gaffe.


  Ne vous imaginez pas cependant les pires scénarios, je lui amortis la chute lorsqu'il se laisse tomber de notre sommier! Je considère que la chute de 3 pieds pourrait lui casser ses 2 seules petites dents.


  L'envelopper dans du papier-bulle, le cloîtrer dans un espace et barricader toutes les portes ne sont pas dans mon agenda. Je veille alors sur lui d'un oeil; il demeure toujours en vue. Je crois que c'est la moindre des choses dans ma définition de tâches.


  N'empêche, il réussira durant son périple d'aventurier de mettre à rude épreuve son environnement. Il teste sans cesse notre appartement pour détecter les éléments dangereux et bien que j'aie fait le tour, à quatre pattes, de toutes les pièces de notre chez-soi, il a su trouver une première faille.


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    La suite du texte disponible dans le roman "Pères poules et prodigieux enfants, pas vraiment!", disponible aux éditions Stanké

Extrait de l'émission "Les Docteurs", diffusé le lendemain!
J'aurais mieux aimé la veille.
  
   

dimanche 24 octobre 2010

Le grand explorateur: Communication babiale


Journal de bord d'Elliott Turgeon
16 octobre 2010 

   C'est inutile, notre communication est voué à l'échec: mes hôtes sont des esprits primitifs. J'ai abandonné la semaine dernière de communiquer avec eux à ma façon.
   Ils n'arrivent pas à entendre ma télépathie!
   C'est triste, nous nous serions tellement mieux compris. Ils sont bornés à vouloir m'apprendre leur langue. Donc, après 8 mois de vains efforts pour discuter avec eux par la pensée, j'ai commencé à contrecoeur leur dialecte.
  
    J'avais bien essayé quelque "ah" et "mmmmmh" par ci par là, mais j'espérais tant percer le mystère de leur cerveau que je n'y perdais pas trop de temps. Avec leur multiples efforts pour essayer de me rejoindre oralement, j'ai flanché, ils sont trop sympathiques. Ils me paraissent néanmoins un peu déficients lorsque je les vois répéter bêtement ce que je leur dis.

   - DaaahaDa, que je tente en premier lieu. Le claquement de langue et du palais n'étant pas aisé.
   - DaaahaDa. Bon garçon! qu'ils s'exclament.
   - Boubrhhbaaaa. (en espérant qu'ils y comprennent quelque chose)
   - Booobrhbbaaaa. C'est beau! .... alors que je saisis très bien qu'ils ne tentent que le renforcement positif.

   C'est frustrant! Au lieu de corriger mon élocution, souvent, ils ne font que répéter mes erreurs langagiers. Mais bon, ils ont tellement l'air de s'amuser que ça me fait rire de les voir se forcer autant.
   Je crie "AAAH". Ils crient "AAAH!". Je fais un petit "Hiiiididii!". Ils répètent "Hiiiididii!". Vous voyez le topo!
   Et c'est sans compter toutes les fois que l'homme m'a appelé "Papa". Et sa conjointe, guère plus intelligente, "maman". Je n'y comprends rien. Surtout que les 2 s'entendaient déjà pour m'interpeller avec le joli prénom: Elliott. Soudainement, lorsqu'ils remarqués que j'explorais les syllabes de leur langue, ils ont mis l'emphase sur ces 2 appellations personnelles.
  Ça veut peut-être dire quelque chose d'important!?!




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18 octobre 2010



  Je dois être honnête, je m'amuse vraiment beaucoup ces temps ci. 
  Je suis très chatouilleux et ils se plaisent à profiter de cette faiblesse. Un peu trop même, alors lorsque je suis fatigué, je ris et je pleure par intermittence. Ils arrêtent assez rapidement à ce moment.
  Leur félin est toujours en fuite à ma présence. Je me trouve alors encore plus souvent dans sa tanière puisque je sais qu'il doit s'y rendre pour ses divers besoins primaires: manger et se soulager. Dès que j'en ai l'occasion je file en toute vitesse vers sa pièce, mais malheureusement, son maître coupe rapidement mon élan et me retourne à 180 degrés, tout simplement.
  Il croit, à tort, que ce simple déplacement me rendra assez confus pour me distraire. Vous saurez, monsieur, que je maîtrise très bien le tour sur soi-même!

  Avec mes nouvelles aptitudes de déplacement et de communication, j'ai pu accéder à une porte de sortie vitrée. De là, je vois au loin les autres habitations environnantes et je passe quelques minutes par jour à regarder vaguement le grand espace que je rêve de parcourir. Bientôt. Très bientôt je pourrai quitter ce bled.


C'est par là que je m'évaderai un jour.

  Je fais maintenant rapidement le tour de cette résidence. Je m'entraîne à faire l'aller-retour salon-cuisine chaque matin et soir. Mon chrono s'est amélioré particulièrement dans les derniers jours en même temps que ma forme physique aussi, même si on m'attache des sobriquets tels que "chubby" et "rondelet". 
  Ça semble leur paraître facile à eux, du haut de leur 5'8" et leur 150 livres, mais je parie qu'il n'arriverait pas à ramper sans arrêt pendant 1 heure. 
   Essayez bande de lourdauds!

   Grâce à mes capacités motrices croissantes, je peux maintenant résister presque chaque soir lorsqu'il me sort de mon bain. Je suis là, tranquille, paisible, à patauger et me réchauffer et puis soudainement, paf, sans avertir, il me retire de l'eau, cessant mes merveilleuses activités aquatiques (i.e. arroser ce crétin qui me laisse me cogner sur les parois du bain) pour aller me refroidir de leur multiples crèmes hydratantes FROIDES. Ils arrivent à me faire sourire quelques temps grâce au son magique du petit canard jaune (lorsqu'il fait pouet-pouet, je m'esclaffe à tout coup, je ne m'en lasse jamais, je jubile de le mordiller!).
   Mais aussitôt qu'il en ait à l'étape de m'habiller avec un habit 1 pièce, un "pyjama", une grenouillère, je réussis par un violent coup de bassin à me tourner le haut du corps. Alors celui prénommé Matthieu jure et rie un peu jaune en tentant, difficilement, de me plaquer au sol pour m'enfiler ce vêtement puéril.
   
   Je sens que je commence un peu à prendre le dessus sur lui. N'empêche que je le trouve un peu méfiant à mon égard.

   Bizarrement, il me gigote moins le matin suite à mon premier boire. 
Ça semble lui avoir laisser un léger goût amer lorsque je lui ai régurgité directement dans la bouche.

  Et vlan!


Elliott Turgeon

dimanche 17 octobre 2010

Le grand explorateur: La chasse

Journal de bord d'Elliott Turgeon
12 octobre 2010


  Il y a déjà 8 mois environ que j'ai atterri dans ces contrées inconnus. Une espèce locale m'a accueilli tel un dieu. Le temps que je m'acclimate, ils m'ont nourri de leur bouillie journalière - meilleure que l'aspect peut laisser croire - et ils me logent dans leur hutte familiale. Ils ont poussé leur hospitalité en m'offrant leur lait à la source même! Je vous évite les détails indécents.


  J'ai eu beaucoup de difficulté à faire comprendre mes divers besoins, mais j'ai su communiquer les nécessités par divers pleurs. Par ce simple moyen, j'avais souvent une écoute rapide et attentive, mais ce fut souvent frustrant, autant pour moi que pour eux je crois. Encore aujourd'hui, c'est fastidieux, mais ils ont enfin gagné une maturité.


  Après plusieurs mois d'observations, j'ai commencé à explorer mon espace commun, le "salon" comme il l'appelle communément. Pour ne pas les effrayer, j'ai débuté par un transport lent: la roulade. Je pouvais ainsi découvrir les premiers objets à ma disposition: soulier, sous-verre, magazine, poil de chat. 
  Pour votre intérêt, ils ont tous un goût plutôt fade. J'essaie toutefois à l'occasion d'autres marques, mais je suis souvent déçu!


Ici, ils m'ont surpris alors que je tentais
de détruire leurs fils pour le système sonore.
  Lorsque j'ai senti que ces indigènes n'étaient plus aussi farouches et déstabilisés par ma présence, j'ai initié mon seconde mode de transport: le rampement. Pour les amadouer, je leur ai laissé croire qu'il m'aidait dans mes balbutiement, mais depuis hier, j'ai entrepris le début de ma réel croisade.


  Bientôt, je découvrirai le monde! Avant tout, je me dois d'explorer mon habitat environnant avec détail. J'investigue dans les coins les plus refoulés de ce monde et mes hôtes me laissent aller avec plaisir. Je fais et refais le tour du salon-cuisine-salle à manger-chambre-salle de bain en plusieurs reprises pendant environ 1 heure.
  Leur saleté de sol m'empêche d'aller au stade "4 pattes" sans glisser et me heurter en plein visage. Je demeure optimiste et crois réussir dans les prochains jours.


  Bien que j'avais entrevu passer sous mon nez une autre espèce les mois auparavant, je pus confirmer et préciser sa présence en me faufilant à travers cette jungle meublée. Les autochtones ont bien tenté de freiner ma progression par le biais d'artefacts divers qu'ils nomment: jouets. La balançoire, la chaise-haute, la table de cuisine, la chaise de bureau et la marchette sont de puissants obstacles que j'ai pu éviter pour me rendre à la tanière du monstre qui règnent ici.
  Ce monstre a une emprise certaine sur les habitants puisqu'il règne en maître ici.
  Aussitôt que les maîtres ont le dos tournés, je l'ai vu sauter sur les meubles et boire sournoisement dans leur bol de céréale sans que les pauvres puissent le savoir. J'aimerais pouvoir réussir à leur communiquer ces précieuses informations.


  Ce méchant félin est heureusement sans défense puisqu'ils ont eu l'audace de le dégriffer (merci à vous!). Cet être se méfie alors atrocement de moi. Je l'ai pris en chasse ce matin dans la cuisine, mais il sait garder un oeil constant sur moi. Il est décidément trop vif. Je n'ai pu qu'effleurer sa queue.
   
   N'empêche, j'ai atteint sa source de nourriture (infecte et trop sec) et j'ai tout balancé en dehors de son plat.
  J'espères ainsi le mettre assez en rogne afin qu'il vienne me réclamer vengeance.


  Je l'attends. Patiemment. 
  Je le piégerai avec mon attache-suce.




Elliott






  

dimanche 3 octobre 2010

Histoire de discrétion

   Aujourd'hui, je me victimise.
   Aujourd'hui, je dénonce. 
   Je me désole d'en arriver là, mais je dois vous dénoncer, vous, mesdames. Vous, femmes, dont j'aime louanger. Vous que j'idolâtre par vos multiples qualités innés ou acquises que l'on peut percevoir avec vos enfants.
  
   Ceci est un avertissement aux futurs papas. Un avertissement aussi aux mamans en devenir.
Pour chaque enfant que vous mettez au monde, vous perdez un peu (sinon beaucoup) de pudeur.
L'allaittement en public me surprend encore, j'ai de la difficulté à saisir à quel moment vous en êtes gênés. Devant le beau-père c'est gênant, mais face au cousin pré-ado... c'est ok? Bon, d'accord. C'est votre affaire!


  Mais si seulement ce ne serait que de la pudeur que vous perdriez!
  Il a fallu qu'avec, vous y laissiez de votre dignité. De votre politesse, de votre discrétion.
J'avoue que moi-même, au restaurant, ça me gêne plus de demander de réchauffer un plat pour bébé-Elliott que de lui changer la couche directement sur le sol! 
  Trouvez l'erreur. 
  C'est peut-être pour ça que certains s'imaginent les pires histoires de notre parentalité. Ils croient que nous devenons insensibles aux odeurs de notre bébé. Ils pensent qu'un enfant ça bave, ça fait pipi, ça fait caca, ça vomit et que parfois, ça nous sourit. Et que nous, nous pouvons vivre facilement avec un peu de selles sur nos vêtements sans sourciller! On ne devient pas inhumain tout de même.


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    La suite du texte disponible dans le roman "Pères poules et prodigieux enfants, pas vraiment!", disponible aux éditions Stanké