vendredi 20 septembre 2013

Des desserts et un homme


Un goinfre, mon garçon arrive à dévorer un bagel en quatre bouchées. Un estomac parlant, c'est un adolescent sur un trip de bouffe dans un corps d’enfant de trois ans et demi. Son appétit n’a d’égal que sa cute-attitude : un air enjôleur craquant. Un atout précieux lorsqu’on le gronde.

N’empêche que le gronder à l’heure de repas peut sonner incongru aux oreilles d’autres parents : « Ça suffit de manger de la salade. Mange un peu de pâtes et on t’en donnera encore. » Ou bien « Si tu manges trois morceaux de viande, on te remettra des carottes et du brocoli. » Le monde à l’envers. Comment punir un enfant qui aime mieux les légumes? Je ne voudrais pas lui faire croire que le végétarisme est un défaut.

Malgré tout, on le menace sur le dessert. Par chance, il est normal de côté. Tout comme ses congénères, le sucre lui monte direct au cerveau telle une drogue. Parfois, il m'est difficile de l’arrêter dans sa douce dépendance, surtout s’il l’a bien mérité après 6 pointes de sandwichs aux œufs (oui, oui, 6!).

Dernièrement, lors de la rentrée à son CPE — où il allait déjà l’année dernière —, les parents furent invités à un 5 à 7. Mon garçon, lui, en a fait une course à relais.

Dès son arrivée, la belette ignore ses amis et part roder la table garnie de sucreries. Je lui donne mon approbation et il s’élance vers un premier carré aux dattes, format adulte, pour l’engouffrer dans sa bouche débordante. « Elliott, on prend des bou-chées! » que je tente de contrôler maladroitement.

Le glouton, déjà la patte sur un mini-muffin, le fait disparaître d’un coup dans sa bouche. « Wooooooh garçon! On relaxe. Prends ton temps. » Il tâtonne alors un gâteau aux carottes, se lèche les doigts puis le redépose.
« Tu n’en veux pas? OK, j’vais le manger. » Me dis-je.
Détestant le gaspillage, je repasse derrière lui et mange ce qu’il repousse après un essai. J’ai été conditionné à me faire dire : « Il y a un petit noir en Afrique qui n’a pas la chance d’y goûter, alors mange! » Douce culpabilité simpliste. Et je ne peux toujours pas laisser ce pauvre dessert, même légèrement léché : les parents d’aujourd’hui sont si aseptisés. Et après tout, c’est la fête, on peut bien se gâter. Où est le mal?

Deux muffins, une chocolatine et trois carrés aux dattes plus tard, j'ai mal. Un début de mal de cœur me tenaille alors que je tente de freiner ses découvertes culinaires. Je tiens un troisième brownie dans les mains que je peine à entamer et mon petit homme continue son manège à tâtonner toutes les gâteries. Moi, Je dois déboucler d’un cran ma ceinture pour survivre.

— Elliott, ça va faire! Arrête de manger (profonde inspiration), papa n’a plus faim. 
— Ooooké-eee.

    Il arrête, enfin. Intervention tardive réussie. Entre deux reflux gastriques, je donne mes recommandations aux parents présents. Je vois bien dans leurs yeux qu’ils me prennent pour un glouton, mais je sens le devoir accompli. Il n’y a eu aucune perte. Mais, je crois qu’au prochain 5 à 7, ce sera moins engraissant d’attacher mon fils. Oh, ça ne se fait pas?



Une beigne avec du sucre en poudre? "C'est saaaaale!"

jeudi 15 août 2013

L'accouchement prise 2: prenez des notes

Bébé n.2 fête déjà son moisniversaire. Un 5 semaines qui a filé encore plus vite que sa naissance, complétée en 4 poussées. Mais cette fois-ci, nous étions en parfait contrôle de la situation. Quel plaisir de pouvoir revivre l’accouchement et les jours suivants sans le stress de la nouveauté. On rechausse de vieilles pantoufles déjà bien moulées. Des pantoufles qui percent les tympans, mais que l’on chérit tout de même.

    Bébé-glaçon — né en période de canicule, il tremble en bas de 26 degrés — nous a offert un accouchement de rêve. Zen et reposé par ma dernière nuit ininterrompue avant longtemps, j’avais le temps d’observer et de prendre des notes tandis que ma douce attendait de voir apparaître notre nouveau-né. Voici alors ma petite liste de choses utiles... et inutiles que j'ai remarquées.

  • Même si tout le corps médical demande à la mère « reposez-vous! » pendant son séjour, faut s’avouer l’évidence, elle ne se reposera pas! Surtout pas lorsqu’elle a des prises de sang, un repas à prendre, un cathéter à changer, un cabaret à ramasser, une température à vérifier, etc., les infirmières sont décidément bien optimistes ou... illusionnées. Surtout si on partage la chambre avec une autre nouvelle famille!
  • Jamais ma blonde ne sera aussi vite à l’aise avec une étrangère qu’avec l’infirmière qui s’occupe d’elle lors du travail. Elle n’est que 24 h avec nous, mais si elle est bien attentionnée, on a l’impression qu’elle nous sauve la vie. En quittant l’hôpital, on souhaite la cacher dans nos bagages pour l’avoir à portée de main. Notre fée marraine d’un jour.
  • Lorsqu’on suggère à la mère de manger un peu avant d’accoucher, vaut mieux trouver préalablement le petit plat dans lequel la « légère » salade de fruits refera surface.
  • Le poulet d’hôpital est gris et la cuisinière a un sérieux problème de papilles gustatives situés dans la région "jesalecommeunedéchaînée".
  • Une femme peut bien avoir son petit orgueil d’éviter l’épidurale, mais lorsque le seuil de douleur passe de 3 à 11 (sur une échelle de 10) en 2 min, il prend le bord vite en sacrifice.
  • Les visites devraient se limiter aux gens muets, surtout pour les chambres semi-privées. Ça prend 30 secs. Et les gens se sentent comme chez des amis et oublient vite que l’on vient de passer généralement un 24 h sans dormir. Et ce ne sera pas les prochaines 24 h, qui sera bien plus reposant.
  • Lorsque les gens accueillent dans leur bras le nouveau bébé fraîchement sorti de l’utérus de ma blonde et qu’ils s’exclament « ça sent dont bon un ptit bébé tout neuf », est-ce qu’il réalise qu’il est fraîchement sorti de l’utérus de ma blonde? Ah, ben coudon... Son dedans sent bon!
  • Ceux qui offrent des couches en cadeaux parce que « c’est toujours pratique! », est-ce que l'on peut leur offrir du papier de toilette à leur fête « parce que c’est toujours pratique »?

  
   D’ailleurs, côtés cadeaux, je terminerai avec une petite pensée pour les gens visitant une nouvelle famille à l’hôpital. Il est toujours apprécié lorsqu’on nous amène une simple carte; elles s’insèrent bien mieux dans nos valises qu’un parc à jouet, des camions et une horde de toutous. Les gens nous regardent en riant lorsqu’ils nous voient quitter l’hôpital avec une partie du ToysR'Us.


jeudi 20 juin 2013

Monoparentalité à temps partiel

  Je dois m'excuser de mon absence prolongée, puisque de 2 a 3 fois par année, outre travailler, je ne fais plus que dormir chez nous. Ma blonde perd son CHUM et se retrouve qu'avec un chambreur pendant 2 semaines. Elle se déclare alors officiellement monoparentale. Elle en vit les difficultés tandis que moi, j’en tire que les bénéfices! J’ai réalisé ça en déjeunant.

  Mon seul moment avec mon fils lors de ses dures périodes demeure le déjeuner. Un bref 10 minutes où l’on se côtoie et se regarde, car il n’est pas encore très bavard. Un matin, pendant que je lis ma presse sur mon iPad, je l’aperçois descendre de sa chaise alors qu’il a encore la bouche qui déborde de céréales. Je m’apprête à lui ordonner de s’asseoir tout juste avant qu’il... vienne me faire le plus sincère des câlins. Gratuit. Sans l’avoir demandé ni être dans sa routine.

   Il en rajoute avec un splendide sourire et des yeux rieurs. Il sait que je suis heureux, mais mon cœur fend spontanément : je lui manque autant que moi j’ai hâte de le voir plus de 10 min. Déchirant, au point que je ne dois pas tomber sur une vidéo de lui au risque de craquer. Je l’avoue, je verse une larme — toute petite — lorsqu’on se revoit après un départ de 5 jours à l’extérieur.



   Enfin, ladite période passe et je retrouve ma famille changée : ma blonde est clairement épuisée et mon garçon ne me lâche plus. Il a nettement une préférence pour jouer avec moi, se laver en ma seule compagnie, écouter la télévision sur mes genoux ou que je lui raconte une histoire (alors que sa mère est mille fois meilleure).

   Bref, j’ai découvert que le père absent devient le héros invisible de l’enfant.
J’ai gouté au côté sucré de la vie de la monoparentalité. Mais à voir les cernes sous les yeux de ma douce, je vais savourer discrètement ma chance.


  Et je vais lui souhaiter tout plein d’heures supplémentaires en 2014!

lundi 27 mai 2013

Pour les papas-geeks-photographes

  Fan de concours et de technologies, je suis aux anges depuis quelques jours. En parallèle de mes multiples projets, j'ai gagné la chance de tester un nouvel appareil-photo: le Samsung Galaxy Camera. Une belle bébelle que je dois faire la critique sur le blog de Best-Buy. 

http://branche-toi.bestbuy.ca/t5/Visitez-le-blogue-Branche-toi/Les-premi%C3%A8res-critiques-de-l-appareil-photo-Galaxy-de-Samsung/ba-p/11431

  Je vous invite à suivre les 3 articles qui y seront publiés cette semaine. Qui sait, vais-je me recycler en critique technologique? Aaaaah, ce serait trop parfait. Être payer pour faire l'avocat du diable, wow!



vendredi 24 mai 2013

On mérite des excuses de Santé Canada


    Plusieurs papas et non-parents méritent les plus plates excuses de la part de toutes les mères hypocondriaque et celles faussement renseignées par les pédiatres pendant toutes ces dernières années. Moi-même, je devrais faire un erratum dans mon livre.

   Pour toutes les fois où l’on a voulu donner du beurre d’arachides au poupon de 6 mois, lorsqu’on a passé prêt de le tuer en lui offrant une crevette (comme dans cette chronique), ou lors d’un moment d’égarement et qu’on a tenté de lui passer un jaune d’œuf avec le blanc d’œuf! Tous ces épisodes où on a pu se faire traiter de malade-mental-d’inconscient d’ignare qui ne réalise pas que l’on peut le rendre allergique en un instant aussi décisif.


   Inconscient, on l’était sûrement, mais le temps a fini par prouver que l’instinct avait raison. Santé Canada viennent de changer leur fusil d’épaule de manière très discrète (lire article). Ils ne crieront pas sur les toits qu’ils nous ont ostracisés tout ce temps et que leur demande spécifique sur l’introduction progressive des allergènes a créé plus d’une chicane dans les couples. Des tensions qui s’avèrent maintenant sans fondement, sauf pour le miel qui demeure à risque... Jusqu’à quand? La prochaine étude qui réfutera celle-ci?

    Moi, j’ai bien hâte de voir un père donner des noix (broyés tout de même) à son enfant et lorsque la mère lui criera d’arrêter, il pourra dire qu’il a finalement raison. Fier, il présentera cet article. Son air vainqueur bousculera probablement les conceptions bien ancrées chez sa conjointe. Et puis de voir la mésentente commencer entre ceux de la vieille ou nouvelle de pensée. Qui a raison, qui a tort? Tout le monde en fera qu’à sa tête.

Finalement, à vouloir simplifier, ça restera aussi compliqué encore longtemps.

lundi 13 mai 2013

La roulette russe du prénatest


10 h 15. Je me réveille douloureusement engourdi, le cou raidi pour avoir dormi 45 min sur une pauvre chaise de plastique usé. Désorienté, je me tourne vers ma douce et je me demande où l’on est. Ah oui, Ste-Justine. Merde, ce n’était pas un mauvais rêve : nous rencontrerons bientôt un généticien.

   Nous avons été contactés la semaine précédente pour nous avertir que le prénatest s'est conclu avec 1 « chance » sur 291 que notre enfant soit trisomique. Wow, quelle chance! On parle de mon enfant qui, la veille de cette nouvelle, nous avons choisi le prénom en sachant son sexe. 5 semaines se sont écoulées entre le prénatest et l’appel de la gynécologue. Une éternité dans une grossesse lorsqu’on se dit que tout va bien.

    Dans le regard de ma douce, je vois bien l’angoisse entassée qui tente tout pour ne pas exploser. Elle ne comprend pas comment j’ai fait pour dormir, ici, dans ce moment d’attente insoutenable. 
    Simple, se lever à 5 h du matin, moi, ça m’épuise. Surtout quand le tourment m’a tenu réveillé toute la nuit à l’issue de cette rencontre. J’affiche mon air détendu et calme, mais mon esprit tourbillonne alors que ma morale change d’avis aux 10 min. Gardera ou gardera pas le bébé, telle est la question.

schéma d'amniocentèse... la seringue n'est pas à l'échelle!!
    Toujours « certain » que cette probabilité était infime, on souhaitait tous deux sortir rassurés de cette rencontre informative. Au contraire, nous voilà encore plus débités avec toutes les autres sortes de maladies et de trisomies indétectables. On pensait, à tort, qu’à Ste-Justine, ils sauraient effectuer des tests plus précis pour éloigner cette issue. Pourtant, ils font les mêmes vérifications, avec les mêmes outils, avec du personnel aussi qualifié. Après une simple échographie, dans une salle de la grosseur d’un garde-robe, on attend patiemment dans la salle d’attente et on doit discuter de la suite des choses. Réfléchir particulièrement si on veut prendre le pari, à 1 contre 200, de « tuer » notre garçon lors d’une amniocentèse qui statuerait si on est le malchanceux couple sur 291. J'ai jamais été un gros fan de la roulette russe.

roulette russe avec bébé


    Moi, j’avais besoin de dormir. Trop de chiffres, de statistiques et de probabilités. Et débattre mes opinions à côté d’autres futurs parents, tous aussi embêtés, me tracassait. On traversera le pont lorsqu’on y sera. Optimisme Power. Et les petits bambins handicapés qui nous entouraient me gênaient. Impossible d’émettre tout haut l’idée d’avorter afin d’éviter leur triste sort : « Tiens chérie, veux-tu vraiment avoir un enfant comme ça?! »

    Quatre chaises à notre gauche, un couple s’avérait encore moins, ou plus, chanceux. L’homme tentait de se la jouer cool avec sa femme avec sa mince probabilité de 1 sur 75. Difficile de les ignorer, on faisait semblant de ne pas écouter en fixant le plancher. Et enfin, après 1 h 30 à s’aplatir les fesses, c’est notre tour. À cet instant, l’estomac veut recracher mon croissant de cafétéria pour détourner l’attention, mais je réussis à le contrôler. Je me dois d’être fort, car je sens ma blonde fragile comme un pissenlit automnal à l’aube d’une bourrasque.

   Et ce n’est pas la première phrase de la généticienne qui aide à nous apaiser : « Désolé du délai, c’est que j’ai demandé des tests plus poussés au labo avant de vous rencontrer. »  Mon cœur palpite au rythme de « fuck, fuck, fuck, non, non, non, merde, merde... » Ça y est, je vais craquer. Je sens le torrent d’émotions venir. Et avant ma blonde en plus, elle qui semble totalement absente.

« En fait, ça fait déjà un bout que j’ai votre dossier, mais je me posais des questions sur certaines choses et j’espérais avoir un appel du lab avant de vous voir. Je ne voulais plus vous faire patienter davantage… »
Driiiiing. Non, pas vrai. Interrompu par le téléphone! 
    
   Ils font exprès! Dites le bordel de merde si, oui ou non, nous devons fondre en larmes ou pas! Nous sommes sur le bout de nos chaises à tenter de deviner ce que le technicien lui dit. Rien n’y fait et le chiffre qu’elle gribouille me rend d’autant plus confus.

« Bon, désolé encore pour le délai, il fallait que je le prenne. »
You bet ma grande! Je réfléchis fort et me m’accroche à ma chaise pour ne pas la brusquer. Elle continue, lentement :
« C’était justement ce que j’attendais. Les chiffres ont drastiquement changé. »
« Drastiquement », c’est bon ou c’est mauvais? Mais va telle finir par le dire...

— Le chiffre est plus petit, qu’elle annonce neutre.
— Euh, pour être clair, c’est positif? Dans le sens qu’il y a moins ou plus de chance? dis-je, plutôt embrouillé.
— Oui, oui! C’est une fraction, donc plus chiffre petit, comportant moins de risques. Vous êtes passés à 1/4150.
QUOI!? Comment est-ce possible?
— Bien, vous devez savoir que ce chiffre est le résultat de plusieurs facteurs : âge, l’hérédité et la clarté nucale. Et cette dernière donnée n’avait pas été calculée initialement. Pourtant le document est dans votre dossier, mais pour une raison qui m’échappe, le technicien au laboratoire ne l’avait pas entré dans l’équation. Je ne peux rien garantir, mais la probabilité est beaucoup plus encourageant... disons.

   Dison que j’ai envie de pleurer, de soulagement.
   Les larmes voguent sur mes cils, mais résistent à la pensée qu’un idiot a commis une lourde bourde. Je devrais être en tab$@(), mais tout ce qui nous tente, c’est sortir de cet hôpital et ne plus jamais y revenir! 

   La vie est belle, ma blonde rayonne à nouveau avec son ventre bien garni et on garde le cap sur l’optimisme. Ça me rappelle que parfois, mieux vaut ne pas tout savoir et s’imaginer le meilleur pendant 9 mois.
Fuck les probabilités!  


mardi 30 avril 2013

Batman mange une banane le matin


    Garçon de routine, notre petit homme de 3 ans se lève machinalement à 6h45 tous les matins. Oui, même les jours fériés. Et d'instinct, il nous amène à la cuisine et énonce sa commande pour son déjeuner. Cela dit, ce n'est pas toujours très clair.

- Papa? Veut ba'nan.
- Désolé garçon, on n'en a plus des bananes.
- Veut ba'nan.
- Il n'y en a plus. Veux-tu dire Batman? Pourquoi Batman à matin?
- Non, ba'nein.
- Hein? Une baleine?
- Bâ'non.
- Bonhomme? Tu veux écouter les bonhommes? Viens t'en.
- Noooooooon, crie-t'il, exaspéré.
- J'comprends pas, qu'est-ce que tu veux?
- Veut ba'naille!!! 

   Ça y est, il commence à pleurnicher. C'est le moment de vérité, je n'ai plus droit à l'erreur. À ma prochaine faute, j'aurai droit à une crise de bacon en règle. Aaah, c'est peut être du bacon qu'il veut! Non, il n'en mange pas. 

    Toast, crêpes, œufs brouillés, céréales, gruau... Rien ne ressemble à banane. J'ai chaud, je suis nerveux, je me sens en ronde finale d'un jeu télévisé. J'utilise mon appel d'ami: je crie vers ma blonde qui sommeille encore dans la chambre.

- Est-ce que tu comprend ce qu'il veut?
- Une banane, mais il y en a plus.
- Non, je sais, déjà essayé.
- PAS BANANE! hurle-t'il a mes côtés.

   Illumination. Je viens de résoudre l'énigme, il ne me reste que cette option:

- Tu veux un bagel?
- Ouiiiiii!
- Ah, fallait le dire. Baaaa-gggggell.
- Baaaaa-neilllll.
- Mouin, ok. Ça va aller.

   Il retrouve le sourire progressivement et moi, je n'ai pas gagné un gros lot, mais vient d'éviter une mini apocalypse. C'est encore mieux.


mardi 23 avril 2013

Gadget à gaga en voiture

Non. Un gros non.

Décidément, les gadgets pour les parents-gagas n'auront aucune fin. C'est souvent loufoque ou inutile, mais là, ça me dépasse. Déjà que je trouvais superflu l'ajout d'un miroir à l'arrière de la voiture pour garder un œil sur le poupon, dos au conducteur. Là, je vous en supplie, dites-moi que vous êtes capable de résister à ce nouveau cossin (et Dieu sait que j'adore les cossins!): le Yada Tiny Traveler

Je sais qu'un nouveau-né, c'est cuuuuute, craquant, irrésistible. Mais il faut être capable de le laisser hors de notre vue le temps d'un voyage en auto. Que peut-il lui arriver de si dramatique? Il est soudé à son siège et à moins que vous ayez l'audace de lui laisser une paire de ciseaux ou une boite de Glosettes à sa portée, il survivra à votre insouciance temporaire. Putain, prenez un break!




   Une caméra? Vraiment? Ça vous rassurera de le garder à l’œil en conduisant? Moi pas! Je n'ai pas hâte de voir les publicités du Ministère des Transports pour dénoncer cette utilisation, ce sera atroce. Il serait déjà plus "utile" d'inverser la caméra pour que ce soit le parent qu'elle capte. Ainsi, l'enfant vous verrait exécuter des "goulu-babbou-guiliguili" lorsqu'il serait en crise. 

   Non mais, je capote. On DÉCROCHE SVP! Sinon, lorsque je verrai un panneau "Bébé à bord" sur la voiture d'en face, je me presserai de le dépasser de peur que ce soit un parent gaga au volant. Un nouveau danger public! 



mardi 9 avril 2013

L'apprenti magicien


   Un moment que j’avais si hâte de partager avec mon garçon était la visite de la bibliothèque. Parcourir les rayons et lui faire découvrir les plaisirs de la lecture. 
Je vous entends penser : oui, je suis un rat de bibliothèque ! 
   Dieu que je hais ce terme, ça n’aurait pas pu être un koala de bibliothèque. Beaucoup moins répulsif.  
   Bref, j’aime mon rituel de cette lente promenade à glisser mon doigt sur la tranche des romans. La texture, la couleur, une police de caractère guident simplement mon choix ou parfois, ma main s’arrête au hasard dans l’espoir de tomber sur une perle. De longues minutes tranquilles.  

   Avec un garçon de 3 ans, le beau rituel a sacré le camp. Je croyais naïvement qu’il prendrait plaisir à faire comme son père, mais dans un endroit aussi silencieux, l’énergie lui déborde d’autant plus.

— Hé ho ! s’époumone-t-il pour écouter sa voix vibrer.
— Chuuuut Elliott !
— PAPA PAPA PAPA...
— Oui oui... quoi garçon ?
— Att'aaaaapes-moi.   

   Le voilà parti à courir dans l’allée. Je saisis l’opportunité pendant qu’il s’occupe à s’attraper tout seul, j’entame mon périple de découvertes à la vitesse grand V. En moins de 5 min, mon instinct de koala accumule 8 trouvailles. Et alors que mon garçon commence à me chercher, je tombe sur ma perle de la journée : un livre sur la magie. Mon cœur d’enfant fait 6 bonds et se dit « enfiiiin, tous les trucs révélés, tu deviendras l’icône du mystère pour ton fils. » 

— Elliott, regarde le trésor...
— Trésor ?? Qu’il s’enthousiasme à la recherche dudit trésor.
— Ben oui, papa va pouvoir faire de la magie.
— ???   

   À ce silence digne d’une bibliothèque, je n’en ressors pas moins heureux de ma découverte. Je dévore rapidement les 3 premiers chapitres consistants en de simples trucs amusants pour les enfants ou les mononcles suffisamment saouls. N’empêche, je suis comblé d’entamer ma carrière de prestidigitateur afin de me gaver des étoiles qui empliront les yeux de mon enfant.   

   Entre 2 séances de Playmobil, je réussis à capter son attention. Je saute le préambule, la mise en place du tour et lui donne le meilleur de moi-même : « Regarde bien le crayon dans ma main. Je déplie les doigts, MAIS le crayon tient quand même dans ma main. Magiiiiiie ! » 
  
Aucune réaction. 

C'est à croire qu’il l’avait déjà vu. Fan de YouTube à 3 ans? Légèrement dépité, je me ressaisis en misant le lendemain sur mes nièces qui ont 6 et 4 ans. Un bel âge naïf. Les victimes parfaites.

— Lily, tu veux voir un tour de magie ?
— Oh ouiiiii ! Mais attends, j’en ai un à te montrer. Ferme les yeux.   

   Je la trouve amusante de vouloir faire de la magie alors que mes yeux sont clos. J’ai hâte de la voir s’exécuter, mais encore plus de lui livrer mon éblouissante prestation.

— Alors, je garde les yeux fermés longtemps encore ?
— Tu peux ouvrir maintenant... tadaaaam !!!  

   Elle me montre le dos de sa main, ouverte, avec un crayon qui tient en place dans sa paume. Je vois bien comment elle le maintient, mais je suis bouche bée.   
C’est exactement le même truc que moi, à peine moins bien exécuté. Mon moment magique vient de disparaître avec mon rêve de devenir prestidigitateur.   

   Décidément, j’aurais dû me méfier du titre du livre de magie : « La magie... pour les nuls. »  
Peut-être que je devrais sauter au chapitre 99 où l’on apprend à scier en deux une jeune volontaire ?

jeudi 28 mars 2013

Comment être presque le parent parfait


    Ça n'a pris que quelques mois avant que je devienne suffisamment confiant en mes capacités de parents. Puis, une sagesse immense s'est installée et de manière humaine, il me vient maintenant l'envie d'épauler mes compatriotes paternels dans leur nouveau statut. Lors de la rédaction de mon roman, il s'en est fallu de peu que j’irradie tous les parents québécois, hommes et femmes, de mes précieuses astuces (des pap'astuces!!!). Plus que de simples trucs, je dirais que ce sont les 8 commandements pour devenir des parents parfaits, mais surtout, uni dans cette nouvelle expérience!  




Pap’astuce #1 : la paranoïa du parent-bunker j'éviterai. 
     Votre enfant ne deviendra pas idiot à écouter la télévision durant son développement. Il survivra aux multiples rhumes contractés par son entourage. Le crâne ne lui fendra pas d'avoir simplement trébuché en marchant dans le parc. Et sa suce ne contient rien de mortel après avoir roulé sur le tapis, Même que vous verrez que c'est plutôt marrant de le voir se démener pour enlever tous les poils de sa bouche et jusqu'ici, Bébé-Luciole n'a toujours pas l'herpès, l'hépatite ni le tétanos.
     Croiser les doigts très fort peut aussi aider. Ça ne coûte rien.

Pap’astuce #2: L'expérience d'autrui je respecterai.
      Il est dans la nature d'un parent de partager son vécu et ses conseils à ses pairs. C'est aussi particulièrement inné chez plusieurs de les ignorer et de vouloir réinventer le bouton à quatre troues, selon sa propre vision. Soyez ouvert d'esprit et à l'écoute puisque même si tous s'entendent pour dire que chaque enfant est différent, vous serez le seul perdant d'en tenir mordicus à votre méthode. À moins que vous retrouvez votre plaisir dans l'expérimentation personnelle. 

Pap’astuce #3 : Sous la supervision de la mère, dans la tenue vestimentaire, je m'efforcerai.
     
Dès le départ, si la mère fait la rotation des vêtements de sa garde-robe, en cachant ceux trop petits, cela évitera certains inconforts à l'enfant; un t-shirt bedaine est tout à fait acceptable à nos yeux. Pour un homme, très souvent, si le bébé entre dans le pantalon/cache-couche/pyjama, c'est que ça lui fait. Peut importe l'espace superflu ou manquant qu'il aura à la fourche. Notez aussi que nous aimons beaucoup les ensembles, ça nous simplifie tant la vie. Il faudra cependant assumer que, parfois, l'homme fera le sacrilège de séparer involontairement les éléments vestimentaires de cet ensemble. Mesdames, répétez huit fois après moi: «Ce-n'est-pas-grave!»

Pap’astuce #4 : En l'instinct de papa je ferai confiance.
    Un papa-nono peut être dépourvue de tout genre de formation, d'expérience ou paraître des plus gauches, il n’en demeure pas moins qu'un homme sait réfléchir et peut avoir de bonnes idées. Lors de moments inoffensifs pour l'enfant, laissez la chance au coureur. Dans l’erreur, vous pourrez vous en moquer... mais après seulement.

Pap’astuce #5 : Dans l'intérêt de l'enfant et de vous-mêmes, ma conjointe j’écouterai. 
    Alors, lorsqu'elle exprimera son désaccord quant à l'initiation de votre enfant de huit mois au plaisir des jujubes, suivez son conseil. Vous éviterez ainsi bien des angoisses chez elle, des désagréments chez votre bébé et ça fera plus de bonbons pour vous. Vous verrez, vous vous gâterez comme un gamin lors de ses premiers Halloween.

Pap’astuce #6 : Même si je suis le père, au remplissage de son sac à couche je participerai.
     Il n'y a rien de plus pathétique que d'appeler sa conjointe à son travail pour connaître l'emplacement des bas de notre enfant. Ce n'est pas non plus cinq minutes avant le départ chez des amis qu'il faut trouver la réserve de lingettes humides. En contrepartie, la personne qui planifie tout (lire la mère) ne doit pas avoir son plan que dans sa tête. Que celle-ci fasse une liste afin qu'un jour, après quelques erreurs, l'homme de la maison puisse garnir le sac tout aussi bien et rapidement qu’elle. 
     Une utopie? Ça n'en tient qu'à vous.

Pap’astuce #7 : La course aux jouets, je fuirai.
      Arrêtez d'en acheter, tout de suite. Maintenant! À continuer d'acheter, je suis persuadé que vous aurez bientôt le tournis devant la multitude de jouets à votre disposition, si ce n'est pas déjà trop tard. Petit truc pour empêcher l'enfant de se blaser devant sa caverne d'Ali-Baba de jouets: cachez-en. Lorsque vous sentez qu'il regarde ses camions d'un air triste, rangez-les et offrez-lui finalement l'avion reçu au Noël dernier. Le Père Noël passera dorénavant à l'année! Sinon, laissez-le farfouiller parmi les anciens déchus, il pourrait avoir un nouveau coup de foudre surprenant. De plus, vous devrez être conscient que la spatule et les poignées de cailloux demeurent les jouets les plus populaires dans le monde.

Pap’astuce #8 : Les histoires de bébé, je raccourcirai.
    Vous connaissez tous une collègue qui ne parle que de son chat, sa boule de poil, son minet, son amour. Vous osez poser une question sur ledit félin et vous en avez pour une bonne heure ininterrompue, à votre plus grand désarroi. La tentation est grande d'en faire autant pour votre poupon, votre ti-poux, votre amour. Justement, ça me fait penser... Non ! Il faut ré-sis-ter!


mercredi 6 mars 2013

Glossaire de paternité (R-V)


R

rire: feu de joie si communicatif que même le plus grincheux ne saurait résister à celui que bébé émet.
routine: habitude lassante, mais nécessaire afin de créer une certaine stabilité sécurisante chez l'enfant. Permets de le conditionner à notre guise; ainsi, après avoir écouté un épisode de CSI:Miami chaque soir pendant deux mois, il s'endort automatiquement lors de l'ouverture.

S

Salinex: instrument de torture (utilisé à Guantanamo) rudement efficace aussi pour expulser tout surplus de mucus.
serviette humide: invention pour détruire l'environnement, mais tellement pratique lors d'un changement de couche. Incitatif à d'autres inventions absurdes tel que le chauffe-lingette.
siège Bumbo: chaise destiné au petit encore sans tonus afin qu’il s'assoit seul. Semble si confortable que tous les parents attendent impatiemment la version adulte.
sommeil: état vaporeux qui devient particulièrement léger pour un des membres du couple. Très souvent, il n'y a qu'une seule personne (lire l’homme) qui dort profondément.
suce: sucette enjolivant le visage et coupant tout cri nuisible. Devient un objet de tension et de crise lorsque introduit dans les habitudes du poupon (ex: partir à la recherche de la suce perdu à 1 h du matin alors que son détenteur s'époumone sans vous indiquer où il l'aurait laissé).

T

temps libre: … niet, nada, aucun… fuck all!
toutou: peluches envahissant la chambre de l'enfant qui fait plus souvent office de bibelot puisqu'il traînera toujours le même vieux usé et décoloré avec lui.

V

vaccin: période souffrante pour l’enfant et déchirante pour le parent l’accompagnant puisqu’il assiste la tortionnaire lui injectant parfois trois sérum dans une même session. Moment atroce que de voir impuissant notre progéniture se débattre alors que beaucoup n’oserait même pas vivre un tel supplice.

mercredi 27 février 2013

Glossaire d'un père (L-P)

    Voici d'autres explications importantes pour les néophytes en parentalité. Une liste qu'on devrait nous remettre avec le "Mieux-vivre avec son enfant" à la naissance. Prenez ça pour des avertissements... et des conseils à la fois! 

----

L

lait: liquide vital pour le nourrisson. Sujet à maintes expériences au moment où des problèmes surgissent. Préparez-vous à vendre votre seconde voiture si les allergies et les intolérances s'en mêlent.

M

mémoire: qualité incroyable que les mères acquièrent. Elles réussissent, entre autres, à se souvenir du moment où un vêtement a été reçu, mais en plus, elles savent vous dire qui de votre entourage vous l’a remis. Et ce, même des mois plus tard. À l’inverse, l’homme tend à oublier qu’il détient en théorie cette faculté.
montée de lait: fantasme de l’homme qui entrevoit la poitrine volumineuse de leur conjointe. Quant à la concernée, le sentiment que le sein lui explosera est sa seule préoccupation.
mouche-bébé : outil atrocement indispensable pour retirer tout mucus convenablement. La majorité connaît son ancêtre, la poire nasale. Utile tant que votre bambin n'ait pas acquis le pouvoir de souffler... n'y compter pas trop rapidement non plus.
mucus: méthode de traçage encore plus efficace que la bave. Résidu nasal souvent placé discrètement sur l'épaule du parent à son insu. Remarquez la quantité de stockage impressionnante pour un aussi petit nez qui est capable d’en contenir plus de quarnante-cinq tétra-octets.

N

nombril: embout plutôt dégoûtant lors des premiers jours, mais qu'une fois asséché et tombé, devient curieusement un emplacement rigolo à chatouiller.

P

percentile: indice utile pour déterminer la courbe de croissance de bébé et le situer dans la moyenne de son groupe. Source d'inquiétude et d'ulcères pour le type de parents nerveux. Sujet à maintes comparaisons entre mamans.
péridurale: cadeau de la science permettant à la mère de prendre presque plaisir à l'accouchement. L'homme remercie que la télévision fut inventée et la femme, elle, la péridurale.
poussée de croissance: événement mystérieux qui surgit brusquement pour renouveler la garde-robe de l'enfant.

poussette: outil indispensable pour soutenir la coquille et permettre aux parents de voyager en compagnie de bébé sans mal. Mauvaise habitude de banlieusard à choisir la plus versatile, celle qui a le coffre arrière spacieux, forçant l'achat d'une camionnette.

purée: nourriture se mangeant tout aussi bien que se nettoyant avec facilité. Très volatile, elle gagne à disparaître avant que l'enfant ne s'amuse trop à en catapulter.

----

Pour lire les autres définitions déjà publiées:
http://www.nonopapa.com/2012/10/le-dernier-trimestre.html
http://www.nonopapa.com/2012/12/la-paternite-en-cinquantes-mots-suite.html
http://www.nonopapa.com/2012/12/super-glossaire-de-paternite-d-g.html

mercredi 20 février 2013

Bande-annonce Pères poules

    Voilà une capsule rigolote qui illustre bien les 2 pères-sonnages du roman "Pères poules et prodigieux enfants, pas vraiment!".

   Allez-y, partagez pour que le monde entier se dilate la rate... :)



vendredi 15 février 2013

Aveux


   Avec tous ces rapaces qui passent à la commission Charbonneau, c'est devenu le temps des confessions. Ça me donne le goût de devenir aussi transparent et avouer mes (rares) fautes:

  • La nuit, lorsque mon garçon pleurniche pour avoir de l'eau, je ne dors pas aussi profondément que je laisse paraître.
  • Si Elliott ne sait chanter que des "ohiohiho" et "lalla la la lalla", c'est parce que son père ne fait pas mieux en marmonnant des "Manama fuitlala popo pitpoum". Que voulez-vous, on fonctionne aux sons.
  • À la toilette, lorsque j'ai déjà remarqué une splendide trace de "break" dans ses culottes.. et je les ai remontées comme si elle disparaîtrait miraculeusement.
  • La nuit, alors que je simule un sommeil reposant, je devine parfois que ma blonde fait pareil.
  • J'ai déjà échappé mon bébé. Une seule fois. Et ce n'était pas tant une chute qu'un vol plané. Les 2 secondes les plus lentes de ma vie où j'ai sentir le temps s'arrêter. Le temps de dire "Fuuuuuuuuuck!"
  • J'ignore si il a affiché un aussi beau sourire,
     mais après la chute, la bouche en sang, c'était les larmes!!
  • Lorsque j'échappais la suce de mon garçon sur le sol, je la ramassais et... lui remettait dans la bouche. Incroyable!! Je faisais quand même une légère vérification d'usage pour voir si elle n'avait pas changé de couleur. C'est à se demander comment il a fait pour survivre tout ce temps.
  • Tous mes "moves" de danses, je les ai appris par mon fils de 2 ans, qui bougent mieux que moi. La honte.


   OK, OK. Ce sont de pieux aveux, mais moi, ça me libère de les assumer maintenant.
SVP, pardonnez-moi!

dimanche 27 janvier 2013

Flashback


   Voici un autre texte écrit pour le roman, mais qui a été retiré au dernier moment. Il met en place Pascal (ami et co-auteur) et moi dans notre jeune temps. C'est mon cher partenaire qui initié cette belle idée, alors c'est lui qui prend parole.

---

Fin de l’été 1990, en banlieue de Joliette. Retour à l’école après les vacances estivales. Il est 7h21, dans un autobus scolaire aux banquettes vertes foncées, aussi confortables que les sièges d’auto des Pierrafeu. Sur le 4e rang, nous sommes en direction de la maison de mon ami Matthieu. Je suis un peu fébrile, la première journée d’école après les vacances est toujours un peu stressante. La rentrée, les nouveaux profs, une nouvelle classe et peut-être des nouvelles filles. Pour les impressionner, j'ai mon nouveau t-shirt Vuarnet-fluo qui «fitte» avec mes lacets jaunes-fluo.


L’autobus jaune s’arrête devant sa maison. Elle n’est qu’à six maisons de la mienne. Mais en campagne, six maisons peuvent représenter plusieurs kilomètres. Pour vous dire, de chez moi, lorsqu’il y a un léger brouillard, je ne distingue même pas mon voisin! L'autobus s'immobilise et trois enfants attendent. Il n’y a aucun doute que ce sont trois frères. En plus de leur ressemblance, leur taille ne diffère que d’une tête entre chacun. On croirait voir les Dalton, Averell en moins.
Je fais un signe discret de la tête, très cool, lorsque je vois apparaître le numéro deux à l'intérieur. Il faut que je garde une expression détendue, pas trop excitée, car si les filles me regardent elles penseront que j'ai l'air hot. Matthieu, toujours aussi rousselé, avec sa coupe champignon, s'avance avec son air «relaxe». Je l’interpelle.

— Salut man! Pis? Tes vacances?
— Super! Pis toi, nouveau style, ça fesse ça Pasc!
— De quoi?
—Tes cheveux sta faire!
— Ben… je me suis dit que je ne les couperais plus.
— Ouin… tu as l’air du chanteur Boule Noir là! Ça frise ton affaire. C’est mauvais ça il me semble. On va devenir la risée du bus si tu flashes trop.
— Meee… Même pas! Quand mes cheveux vont être longs, toutes les filles vont vouloir sortir avec moi, tu verras Matt. Moi je pense que ma cote va monter. Si tu as honte, il reste de la place en avant en passant.
— Et aller m’assoir avec mon petit frère? T’es malade! PAS QUESTION QUE J’AILLE M’ASSOIR AVEC LES BÉBÉS DE PREMIÈRE ANNÉE… Heille rapport, là!
— C't'une joke! Capote pas de même! Dis-toi que tu es chanceux d’avoir un petit frère. Tu peux t’en servir comme punching bag quand tu veux t‘entraîner. C’est cool. Moi le mien est toujours chez mon papa, pas moyen de me défouler.
— Ouin, mais c'est pas facile d'être trois. Je suis pas sûr que je vais vouloir avoir des bébés garçons plus tard.
— Ah parce que c’est nous qui choisissons ce qu’on veut? Gars ou fille?
— C’est sûr que oui. Tout le monde sait ça!
— Ah? Tout le monde? Euh... je veux dire, ouin, je sais!
— Faque, tu sais comment faire des bébés, Pasc?
— C’est sûr… Pfff… Rapport man. J’ai juste pas envie d’avoir une bedaine.
— Une bedaine?
— Tous les papas ont une bedaine quand ils ont des enfants. En plus ils perdent leurs cheveux. 
— Tes cheveux sont bien trop imposants... Euh importants, faudrait pas que ça t’arrive, tsé.
Full pas non. Pour l’affaire de faire des bébés mon Matt, toi aussi tu le sais d'abord, comment on fait ça?
— Ben oui. Mon grand frère m'a dit comment on faisait ça.
— Meeeee! Pour vrai? C’est comment?
— Il m’a dit que ça prend un gars et une fille tous nu pis…
— Hein? Tout nu? Il faut la regarder pis toute? Dégueu!
— Est-ce que tu veux le savoir ou non Pasc?
— Oui, oui, oui, continu.
— Donc un gars et une fille tout nu et là il faut qu’ils s’embrassent.
— Mmmeeeeeeee  pour vrai? Il faut qu’ils s’embrassent? Il faut qu’ils s’embrassent où?
— Comment ça où?
— Ben, ils doivent s’embrasser où? Dans la maison ou dehors?
— Eille je sais pas moi. Il m’a juste dit ça.
— Et c’est quand qu’on décide le choix du bébé?
— Eille, il m’a pas dit ça non plus.
— Ouin j’ai un doute là. Ah non ! Fuck Matt ça chie!
— Comment ça, ça chie?
— Ma tante Diane m’a déjà embrassé sur la bouche!
— T’es dans marde Pasc.
— Ah merde, je vais être pris comme ma mère à faire une demie-tonne de bouffe et faire des lunchs tous les matins pendant une heure. Pis faire du ménage. Pis devoir aller travailler au lieu de jouer à Mario Bros 3. Matt, ça me tente pas!
— Bah, c'est cool, pus de devoir. C'est cute quand même un bébé à part quand ça braille. Pis il paraît que tu reçois de l'argent par la poste quand tu as des enfants. Plus t'en fais, plus on t'en envoie. Imagine tous les jeux que tu pourras t’acheter. C'est sûr que tu verras pus ben ben tes amis, tu vas être tout le temps avec ta tante. Vas falloir que tu déménages avec, avant de te séparer.
— Pension alimentaire pis toute, pis toute. Il me faut au moins un million dans mon compte. J'vais demander toute de suite un chèque à mon père. Pis mon oncle, lui?
— Le chum de ta tante? Ben, il va se trouver une nouvelle blonde, faque tu vas avoir deux tantes. C'est pas pire, hein?
— AHHHH mais attends un peu. Elle était pas tout nu! C’était à Noël, tout le monde était habillé. Donc ça compte pas! Chus correct. Chus correct?
— Fiou, tu es vraiment chanceux. Mais écoute-moi bien là, arrête d’embrasser les filles sur la bouche. Sinon, traînes-toi un caoutchouc. Ok?
— Euh…ok. Pourquoi?
— Parce que mon frère m’a dit que pour se protéger contre les bébés il faut mettre un caoutchouc.
— Mmeeeeee, où ça?
— Où quoi?
— On le mets où?
— D'après toi, sur la langue c't'affaire!
— Ah ben oui j’y avais pas pensé.
— Ouin, suis un peu cibole!
— Oui oui, tu as raison Matt s’cuse-moi. C’est juste que… Mais c’est dégueu ça.
— Je sais, et il parait qu’il y a plein de couleurs différentes.
— Ça sert à quoi si on se met ça dans la bouche et que personne nous voit avec?
— Sais pas!
— C’est plus compliqué que je pensais. Tu es sûr que ton frère te niaisait pas?
— Ben, peut-être. On prendra pas de chance quand même. Trouve-toi un caoutchouc.
—Tu as raison. Ma mère entrepose ses pneus d’hiver au sous-sol, je vais en trouver là c’est sûr. Eille Matt, as-tu fait croire finalement à ton petit frère qu’il allait attrapé le scorbut s’il ne buvait pas dix verres de jus d’orange à tous les jours comme tu m’avais dit ?
— Mets-en! Ma mère capote, tellement ça lui coûte cher de jus. Hehehehe.
— Pis lui, il croit tout ce que tu lui dit?
— Ben oui, c’est moi le grand frère!
— Tu es le meilleur man.