mardi 10 août 2010

Un père, c'est nono.

    Depuis des mois, je m'efforce de démontrer à quel point je découvre de façon "nounoune" les plaisirs de la paternité. J'aurais peut-être dû dès le départ vous expliquer précisément la connotation que ce mot représente:


nono
 [ nɔno ]
nono nom commun - masculin ou féminin
Definition : personne idiote (québécisme)

nono 
adjectif   ( même forme au masculin et au féminin, pluriel nonos )
Definition : dépourvu d'intelligence (québécisme)
ex: (avoir un voisin complètement nono)

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idiot  [ idjo ]
idiot adjectif   ( idiote, idiots, idiotes )
Definition :
1. dénué de raisonnement ou d'intelligence (péjoratif) [Remarque d'usage: souvent employé avec une connotation injurieuse]
(tu es vraiment idiot) 
2. d'une absurdité tragique (familier) 
Synonyme:   stupide

 (un accident idiot)
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    J'ose bien me traiter d'idiot, parfois, alors je me permettrai de le faire pour un égal, qui me surpasse même lorsqu'il joue son rôle de père comme un débutant. Un néophyte de qualité.

    Nommons-le Gilbert pour son anonymat.     Gilbert a eu un enfant à peine 4 mois avant le mien. Je croyais tout de même que ce mini-écart lui accorderait une expérience digne d'un peu de sagesse. Malheureusement, il est l'exemple typique de l'homme qui apprend, tout le temps, avec effort, au grand dam de sa blonde et aux malheurs de sa fille!


   Alors que mon fils fêtait ses 3 mois, Gilbert, lui, avait une fille de 7 mois dont le plaisir quotidien consistait à apporter tout, tout objet à sa bouche. Dans sa pure innocence, il encourageait sa poupoune dans ces exercices. Alors moi, je sursautais quelques fois face à leur routine:

  - Pascal? (euh Gilbert!! Zut!) C'est normal qu'elle prenne une serviette de table jetable dans sa bouche?
  - Oui, ça me dérange pas, qu'il me répond sans même sourciller vers sa fille qu'il tient dans ses bras.

   Je regarde les miettes de papiers mouillés lui coller dans le visage alors que sa serviette ne devient plus qu'un minuscule tissu blanchâtre imbibée de bave dont il ne reste plus que quelques bouchées.

  - Ok, mais ça te dérange pas non plus qu'elle en mange autant?
  - Oups!! Non, Delphine! Non! C'est pas bon. Pas bon!

   Quelques minutes plus tard...

   - Pascal, moi, à ta place, je ne lui laisserais pas la serviette de table non plus.
   - C'est pas grave, elle peut pas s'étouffer avec celle-là, elle est en coton!

   Nous sommes les 2 couples à regarder entrer la serviette lentement dans la bouche de la petite. Centimètre après centimètre. Tranquillement, elle disparaissait à l'intérieur au même rythme que sa fille rougissait.

    - Non! Delphine! Non! C'est pour jouer, pas pour manger!
    - Bravo frérot!

   Faites maintenant l'addition d'un film au ciné-parc la nuit tombée, d'une boîte de Glosette - en carton- et de cette même fillette, dans les bras de son père adoré.
    Delphine a probablement vu le court film de sa vie passé. 
    Le temps que son papa réalise qu'une boîte de carton, ça s'effrite vite avec assez de détermination et des mâchouillements d'un bébé.
    La réaction typique d'un nono qui "assume" qu'il a eu tort:

   - Ah Mylène! Pourquoi tu as acheté des bonbons, tu as bien vu que c'est dangeureux pour un bébé!

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  Les allergies sont la crainte principal de tout parent aujourd'hui. On nous le dit, redit et reredit que les enfants sont très fragiles avec les nouveaux aliments. On nous répète (en tout cas, ma blonde me le répète!!) qu'un ordre précis est à suivre pour l'introduction de la nourriture dans son régime.
  Il faut croire que nous, pauvre homme inculte, avons besoin de se le faire répéter incessamment.

  Le pauvre homme, Gilbert (ou Pascal si ça vous aide), ne connaît pas beaucoup de recette, donc, les aliments interdits ne lui apparaissent tout le temps évident à déchiffrer dans la nourriture transformée.... ou non.

  Une odeur flotte dans son condo. Sa blonde se laisse mener vers la source de cet arôme, sucré, mais très présent, prenant. Une lumière s'illumine. Elle accourt.
  Du beurre d'arachides!

  - Mmmmmm, c'est bon Delphine? dit innocemment le nono.
  - Tu n'es pas en train de donner du beurre de peanut à notre fille?
  - Bien sûr que non!
  - Ah d'accord, j'ai eu peur.
  - .... il faudrait pas? Ce serait grave?

  Même situation, 1 mois plus tard (sa fille en a  plus que 9). Une enfilade de: "Non Pascal, des crevettes ce n'est pas tout de suite!", puis "Non, on peut pas lui faire goûter aux crêpes, il y a des oeufs", suivi de "As-tu vérifier si le sorbet est fait sans oeuf?", et "Je suis pas sûr qu'un cocktail de fruits c'est une bonne idée."

  Sommes-nous trop préventifs? J'en sais trop rien, mais venant d'un homme qui a suivi ses cours prénataux, qui a eu son lot d'allergie plus jeune et qui en plus est... ingénieur, j'attendrais un peu plus de vigilance. Surtout qu'il ne connaît pas l'existence du bénadryl! 

   La pauvre épouse a tout intérêt à ne pas se tenir trop loin!

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   Pourtant, elle s'efforce de lui faire confiance (c'est beau l'amour) malgré les 2 fois que sa fille est tombé de sa coquille alors qu'il l'avait déposé sur le sofa.
   Pouf, 1 pied plus bas. Face contre terre.
   Je suis sûr que la seconde fois, sa petite a dû se dire: "Ah non, pas encore! Franchement!"


   Puis, dans la semaine de ses premiers pas à quatre pattes, il a eu l'audace de penser que Delphine ne se débrouillerait pas pour plonger du haut du lit.


   Pouf, 1 pied plus bas. Face contre terre.
   Pas une, mais bien 2 fois! Au moins, ce n'était pas le même lit alors il aura alors peut-être moins de chance qu'elle soit traumatisée!

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   Ce qui me sidère à le voyant, c'est la naïveté que sa fille garde envers lui malgré tout. Il réussit à la gaver d'amour, et de rires, pour qu'elle lui pardonne chaque bévue qu'il accumule. (Aahhhh, c'est ça le truc!)

  Elliott? Tu sauras m'en pardonner autant n'est-ce pas?

Matt
    


4 commentaires:

  1. Merci d'éclaire ma lanterne de Française sur ce qu'est un nono (remarque que je me doutais un peu...).
    Bon courage à Delphine et à sa maman !

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  2. L'instinct de père y joue pour beaucoup, y'en a qui l'ont, d'autre absoluement pas. Même ceux qui l'ont, ont l'audace de poser des questions ooo niaiseuses pour la maman et les 10 millions de personnes qui entourent la famille. La société dans laquelle on vie nous charge d'informations et c'est parfois dur de s'y retrouver, ce qui est bon pour notre bébé ne l'est pas toujours pour l'autre. Je pense qu'en tant que papa nono aussi, il faut juste pas hésiter à poser des question et manifester ses désaccord avec la maman pour que le pouvoir de l'argumentation fasse son chemin pour en venir à une conclusion qui sera pour le meilleur du bébé. C'est pas facile apprendre à être père et surtout de passer pour le nono de service à chaque question qu'on ose poser pour le bien du poupon: y'en a qui se décourage et qui ne posent plus de question à force de passer pour le nono.. je les comprend: l'humilité à ses limites.
    Il faut parfois les franchir malgré que ce soit frustrant d'être à chaques fois le nono pour le meilleur du bébé: on appel ca le sens du sacrifice de son orgueil personnel.

    Lachez pas Gilbert (Pascal),Delphine et sa maman: apprendre de ses erreurs c'est brillant, apprendre des erreurs des autres c'est génial: soyons brillant et aspiront au géni!

    Jean-Daniel

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  3. Bah, depuis le début on a remarqué qu'on avait tout un tas d'opinion sur la manière dont les AUTRES s'occupaient de leur rejeton, et que les autres en question en avaient tout autant à notre égard...
    Du coup on s'est dit que merde, chacun sa manière, même le plus naze des parents est bien assez bon tant qu'il est en amour avec son petiot.
    On est tous le nono de quelqu'un, personne n'est parfait et en plus de ça les modes changent, ce qui fait qu'un truc bien aujourd'hui ne le sera plus demain...
    Pour te dire : notre fille a passé 1 mois de vacances en camping à bouffer tout ce qui trainait, à n'importe-quelle heure...ça nous a fait relativiser!

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  4. Bah, je sais qu'aux yeux des autres, nous paraissons souvent nonos, mais il faut savoir se regarder aussi et avouer tout simplement que nous le sommes (comme bien d'autres!).
    Il ne faut toutefois pas s'empêtrer dans la facilité et crier haut et fort que c'est fastoche d'éduquer son enfant (quoique... peut-être). Il faut demeurer un peu à l'affût de ce qui se dit et se fait pour ne pas s'embourber dans des erreurs de néophyte.
    Soyons fier d'être père tout en étant haut-dessus des standards bas qu'on nous a souvent reproché d'avoir!

    Matt

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